"Pourquoi le changement de schéma défensif des Los Angeles Rams ne va pas affecter Aaron Donald"
Cet intersaison, suite au changement de l’entraîneur principal, Wade Phillips n’a pas été renouvelé comme coordinateur défensif à Denver. Il a été rapidement harponné par les Los Angeles Rams afin de remplacer Greg Williams. Ce changement de coach amène également un changement de philosophie - le fait que Phillips soit un adepte du 3-4 et que Williams roulait une 4-3 soulève tout de suite plusieurs questions : est-ce que les Rams ont l’effectif adéquat pour cette évolution ? Et est-ce que ce changement aura un impact important sur leur joueur défensif star, Aaron Donald, qui s’est classé premier et deuxième parmi les 101 meilleurs joueurs de PFF lors des deux dernières saisons.
La réponse à cette question : presqu’aucun impact !
Lorsque la 3-4 était en vogue, dans les années 90s, c’était un système de responsabilité à deux gaps (NDLR gaps = espaces entre les joueurs de ligne offensifs) où des énormes D-Lines jouaient face à leur vis-à-vis afin de défendre les deux espaces adjacents. Ceci libérait les linebackers et les permettait de réaliser des jeux sans être contestés. Les défensives 4-3 étaient, par contraste, des défenses avec un seul gap de responsabilité. Des D-Lines plus légers et plus dynamiques pouvaient gagner leurs combats en attaquant leurs gaps et en pénétrant la ligne de mêlée.
Aujourd’hui les défensives 3-4 sont très différentes car elles sont principalement des systèmes à un seul gap de responsabilité, tout comme la défensive 4-3. La NFL est en principe une ligue où l’on pratique presque exclusivement des fronts défensifs à un seul gap de responsabilité avec des joueurs plus petits et plus rapides.
Les montres nose tackles de l’époque tels que Ted Washington, Gilbert Brown et Grady Jackson ont été écartés en faveur de joueurs plus athlétiques - des joueurs qui peuvent être inter-changés sur la ligne et qui peuvent mettre de la pression sur le quarterback et pas seulement occuper de l’espace. Des tackles défensifs ou des nose guards qui dépassent les 300 livres (138 kilos) sont devenus rares.
La vraie force de changement de ces ajustements est liée au jeu de passe. La NFL est devenue une ligue qui favorise la passe et par conséquent les défenses se retrouvent plus en Nickel (NDLR : schéma déployant cinq defensive backs au lieu de quatre) qu’en défense de base. La plupart des équipes ont des attaques qui mettent en avant 3 receveurs, dont un qui remplace soit le fullback ou soit un deuxième tight end. Dès lors, les défenses ont réagi en ajoutant un defensive back. La saison passée, les schémas défensifs de base tels que 4-3 et 3-4 ont représenté 27% de l’ensemble des jeux, alors que les schémas défensifs en nickel représentaient 55% et les schémas défensifs dime (NDLR : schéma déployant six defensive backs) 10%.
Ces défensives de base qui étaient utilisées presque tout le temps sont aujourd’hui utilisées uniquement un quart du temps. Même si des équipes ont des défensives de base qui sont très différentes, elles vont se retrouver en sub (NDLR : sub = substitution) la majorité du temps et ces structures sont beaucoup plus uniformes.
Peu importe si vous êtes dans une défense de base 3-4 ou 4-3, le fait d’ajouter un cinquième defensive back à la place d’un joueur de front limite grandement vos possibilités d’alignement au niveau du front.
Dans un schéma 3-4 le premier homme à être sacrifié est le « nose tackle ». Les hommes de ligne qui pèsent plus 145kg peuvent toujours être de très bons défenseurs contre la course mais ont une efficacité très limitée devant un jeu de passe. Les équipes qui s’alignent plus dans un schéma 4-3 retirent un de leurs « linebackers », laissant les deux défensives de base (3-4 et 4-3) avec deux défenseurs de bout de ligne (souvent spécialisés en pass rush), deux hommes de lignes intérieurs, deux linebackers et cinq defensive backs. Presque la seule différence réside dans le déploiement des défenseurs en bout de ligne et malheureusement ces différences sont toujours définies par des termes descriptifs anachroniques.
Cette image illustre de manière superposée la défense de Denver sous la supervision de Wade Philips et la défense des Rams sous la supervision de Greg Williams la saison passée.
Ces équipes s’alignaient devant plus ou moins la même formation offensive et ils déployaient leurs fronts de manière identique. La seule différence entre les deux était le fait que le défenseur de Denver le plus à droite (Demarcus Ware) était un outside linebacker debout tandis que les Rams alignaient un defensive end (Eugene Sims) avec sa main au sol.
Ces joueurs sont affichés à différentes positions sur leurs rosters respectifs mais ont exactement le même rôle dans cette même situation. Aujourd’hui faire la distinction entre un linebacker et un defensive end a largement moins de sens que faire la distinction entre un défenseur de bout de ligne, un défenseur intérieur ou un linebacker qui joue au deuxième rideau. Et tant que le Pro-Bowl continuera de baser sa sélection selon les distinctions anachroniques, leur système restera cassé.
La différence dans la position de départ pour un edge defender (NDLR : défenseur en bout de ligne) en 2 points ou 3 points d’appuis reflète la philosophie technique préférée par l’entraineur. Il y a des équipes (Les Patriots en sont une) qui laissent le choix aux joueurs selon leur préférence. Aussi longtemps que le joueur est aligné au bon endroit, ces équipes ne regardent pas leur position de départ - alors quelle est la logique d’étiqueter un front à la base de cet indice ? Aucune !
C’est la même chose avec les défenseurs de ligne intérieurs. Aaron Donald est connu pour être un defensive tackle qui s’aligne principalement en technique 3 (NDLR : sur l’épaule extérieure d’un guard) dans un schéma à quatre joueurs de ligne. La plupart des defensive tackles qui sont de bons pass rushers sont déployés ainsi ; mais c’est pareil pour les defensive ends dans un schéma 3-4 ! Dans le schéma 3-4 d’Arizona, Calas Campbell s’aligne plus en technique 3 qu’ailleurs mais est identifié comme un defensive end par l’équipe. En 2016, Derek Wolfe et Jared Crick, officiellement des defensive ends, ont joué autant en technique 3 que le tackle Aaron Donald - où est la logique ?
La défense de Wade Philipps présente quelques particularités en comparaison à d’autres systèmes défensifs dans la ligue. Il a une tendance de rester dans une défense de base plus longtemps que la plupart des équipes pour ensuite sauter directement à un schéma avec six defensive backs. Même sa défense de base ressemble beaucoup à un schéma 4-3.
Quand on compare les alignements de Wolfe et Donald la saison passée, on remarque que la seule différence est le fait que Wolfe s’aligne plus souvent en technique 4 (directement devant le tackle en 3-4 traditionnel). Donald s’est également aligné dans cette position mais moins souvent. Wolfe a tout de même joué deux fois plus souvent en technique 3 où il pouvait plus attaquer et pénétrer la ligne de mêlée. Dans le schéma de Phillips, il s’agit plus d’un moyen de déguiser le front qu’une véritable volonté d’assigner deux gaps à ces joueurs de ligne.
Alors nous verrons Aaron Donald et la défense des Rams s’aligner dans un nouveau front défensif sous la supervision de Wade Phillips en 2017. Si nous faisons abstractions des différences dans les positions initiales (ie debout ou en trois points d’appuis) des joueurs, nous constaterons peu de différences entre la défensive 4-3 de 2016 et la 3-4 de 2017. A une autre époque un tel changement aurait eu des conséquences importantes, mais ceci n’est plus le cas dans la NFL d’aujourd’hui. C’est tout simplement une autre manière de mélanger les cartes. Aaron Donald sera maintenant étiqueté comme un defensive end en 3-4 mais son rôle restera vraisemblablement le même.
Référence source de l'article: https://www.profootballfocus.com/news/pro-why-rams-scheme-change-wont-affect-aaron-donald