Nous ne faisons pas référence à une philosophie tactique ou schématique mais plutôt aux principes qui guident votre conduite dans cette activité.
Votre philosophie, qu’elle soit formellement élaborée ou non, impacte déjà tout ce que vous faites dans le coaching. Consacrer quelques minutes à cet exercice est un investissement important car il produira les mots qui seront la projection de vos valeurs et de vos motivations - autant les afficher pour que ça soit claire d’entrée pour tous les membres de votre organisation !
Voici juste deux exemples qui ont été choisis pour leur contraste. Réfléchissez à comment ces approches affecteraient l’équipe et tout le monde autour de celui-ci. Lequel serait plus propice à la création d’un environnement sain pour un groupe de jeunes joueurs ?
• Gagner est notre seul objectif, rien de moins n’est acceptable. Votre effort compte seulement en victoire.
• Donner le meilleur de soi-même pour que l’équipe atteigne la mesure de ses moyens.
Discussion
Il parait évident que le premier exemple place une emphase démesurée sur la gagne, tout en impliquant que le succès et la victoire sont toujours synonymes. De plus, si c’est une équipe de jeunes joueurs, il y a surement d’autres points d’emphase qui seraient plus appropriés pour guider leur développement.
D’autre part, même si notre mesure du succès est la victoire, elle est bien le résultat de quelque chose, le plus souvent d’un processus bien défini et respecté. C’est justement pour cela que la majorité des grands entraineurs place une emphase sur le processus, ancrant ainsi leurs athlètes dans le présent ; ils savent bien que les résultats sont la conséquence d’une méthode bien planifiée et exécutée.
Le deuxième exemple évoque la réalisation individuelle et collective ainsi que la relation symbiotique entre les deux. Pour qu’une équipe performe, ses membres doivent se donner pleinement et une performance individuelle reluisante sera toujours évaluée à travers sa contribution au résultat collectif.
Quelle est la perception souhaitée de mon programme ?
Cette question est très significative. Quand quelqu’un regarde jouer votre équipe, quelle impression a-t—il ? Quelle est l’impression que vous voulez projeter ? Est-ce que votre équipe joue avec beaucoup d’énergie ? Est-ce qu’elle ne baisse jamais les bras ? Est-ce qu’elle est disciplinée et ordonnée ? Est-ce qu’elle est enthousiaste ?
Votre travail de coaching va former cette perception et malgré qu’on ne cherche pas à être trop préoccupé par l’opinion d’autrui, ce cas offre une excellente mesure imaginaire pour votre programme. La question devient alors : «qu’avions- nous besoin de faire en tant qu’entraineurs pour créer cette réalité ou pour créer une culture…» Les réponses ne sont pas si difficiles à trouver, par contre les mettre en pratique est autre chose. Par exemple, si votre devise est «100% d’effort sur chaque action», vous devez établir une culture d’entrainement qui conditionne cette démarche. Il ne faut pas s’attendre que les joueurs vont magiquement fournir un effort suprême le jour du match juste parce que vous, en tant que coach, en avez parlé dans la semaine ! Le coach doit choisir ses combats et les mener à fond. Il doit exiger et confronter ses athlètes à chaque tournant. Comme dans presque tous les domaines du management, la constance dans l’approche est un élément critique du succès.
Quel est l’objectif premier de notre programme ?
A première vu cette question peut paraître redondante parce que nous avons déjà abordé la question de philosophie dans la gestion de l’équipe. Mais ici, nous parlons d’un objectif qui dépasse la portée du terrain et, en même temps, dépasse la seule prérogative de l’entraineur. Si vous travaillez dans un contexte scolaire, peut-être le premier objectif sera d’aider les joueurs à obtenir leurs diplômes ou du moins réussir leur année. Dans un contexte professionnel, le point focal peut être la vente des billets ou l’augmentation des recettes à travers la construction d’une équipe qui est plus commercialisable. Répondre à cette question est surtout importante si des idées divergentes se concurrencent au sein de la direction du club.
Quel comportement allons-nous valoriser chez nos athlètes ? Quelle sorte de joueur voulons-nous dans notre programme ? Comment allons-nous encourager le comportement souhaité chez nos joueurs ?
Il est relativement facile pour un entraineur de décrire les qualités superficielles qu’il aimerait voir chez ses joueurs (malgré que ça se complique un peu au haut-niveau), mais souvent pas assez d’importance est accordée aux qualités intangibles – ces qualités qui, sur la durée, font souvent la différence.
Caractère, intelligence (théorique et pratique), confiance, générosité, leadership, esprit positif, enthousiasme, passion, persévérance, détermination, rigueur, discipline – tous ces facteurs et d’autres encore contribuent à leur façon à la réceptivité de l’athlète au coaching, à sa capacité de contribuer de manière positive au groupe et à comment il représentera son équipe hors-terrain.
En tant que coach, vous devez consacrer pas mal de temps à réfléchir sur cet élément important dans la construction de votre équipe.
Si ce n’est pas déjà fait, je vous conseille fortement de commencer tout de suite !
Prenez un papier et un crayon, et notez les traits de caractère que vous estimez le plus chez un membre de l’équipe. Sachez que même vos meilleurs joueurs ne seront pas au top du classement dans tous les critères recherchés. Pensez également à ce que vous pouvez faire pour encourager le développement de ces qualités et comment renforcer la perception de leur importance dans le bon fonctionnement de l’équipe et son succès éventuel.
En tant que coach, vous avez la responsabilité d’influencer les comportements des joueurs sous vos ordres et cette tâche requiert un plan délibéré – ça ne se produit pas par accident. Par exemple: si, par passivité, vous laissez le leadership émerger au sein de votre équipe sans avoir préalablement communiquer vos attentes et vos valeurs, vous risquez une mauvaise surprise !