La renaissance de vieilles idées sous formes modernes

Pour les partisans contemporains du Football Américain il est peut-être difficile d’imaginer que la meilleure équipe universitaire aux Etats-Unis dans les années ‘40s était l’académie militaire ou plus simplement « Army ». A l’époque, les Black Knights mettaient en vedette un duo de porteurs de balle connu par le surnom de « Mr Inside and Mr Outside » à cause de leur complémentarité. Félix Anthony « Doc » Blanchard était le Mr. Inside au Mr. Oustide de Glenn Davis. Grâce principalement à leurs exploits, Army a connu une série de 28 matchs consécutifs sans défaite et Blanchard et Davis ont chacun gagné le prestigieux trophée Heisman (en ’45 et ’46 respectivement). Les tactiques offensives exploitées par Army pour faire valoir ces deux porteurs exceptionnels reposaient largement sur le fait qu’à l’époque les défenses étaient basées sur la lecture et la réaction - les défenseurs étaient par conséquent beaucoup plus vulnérables aux feintes et nettement plus lents dans leurs poursuites. L’apparition du concept de « Gap Control » (où chaque défenseur sur le front a un gap à défendre) a effectivement provoqué la disparition quasi totale des attaques tel le Wing-T dans le football universitaire. Quoi que…

Si vous avez l’occasion de regarder Auburn jouer, vous verrez une influence importante du Wing-T dans le système offensif de leur coach Gus Malzahn. Voici deux exemples de comment Malzahn a reconditionné le traditionnel « Buck-Sweep » du Wing-T classique (Vidéo 1 et Vidéo 2).

Video 1

Video 2

La NFL est en train de vivre une sorte de renaissance offensive : des jeunes coachs avec des systèmes innovants qui doivent plus leurs existences à l’influence universitaire que le copier-coller traditionnel d’une ligue très conservatrice. Mais la question est de savoir quelle partie est nouvelle et quelle partie a ses racines dans un passé lointain ? La tendance de ces dernières années, le RPO*, est sans doute une évolution récente, possible en large parti à la technique remarquable des jeunes quarterbacks et à l’exploitation de la formation shotgun qui met pleinement en valeur leurs capacités (même si Brett Favre était au centre quand il a peut-être été le premier quarterback NFL à lancer un RPO dans un match). Alors, si le RPO est clairement moderne, le séquençage et l’essentiel de la structure de l’attaque des Rams, par exemple, peut faire penser à l’ossature du Wing-T. Dans la série 20 du Wing-T, la théorie veut que trois points d’attaque soient menacés sur chaque actions : le Fullback menace l’intérieur, le Halfback menace un flanc et le quarterback menace l’autre flanc (Illustration 1).

Illustration 1

Illustration 1

Maintenant, si on regarde le premier jeu offensif des Rams dans le Super Bowl (Illustration 2 et Vidéo 3), on peut constater une conception similaire, même si la forme reste très différente. La motion rapide du receveur provenant depuis la droite menace (Fly Sweep) le flanc gauche. Le porteur de balle menace l’intérieur de la ligne avec un inside zone et le quarterback (accompagné par le Tight-End) menace le flanc droit avec un bootleg.  

Illustration 2

Illustration 2

Video 3


La leçon à tirer de tout ça est ancienne : toutes les attaques bien-conçues doivent, par leur dessin, menacer et occuper un maximum de défenseurs sur chaque action.

*RPO = Run Pass Option. Un jeu au sol combiné avec un tracé de passe qui attaque un défenseur lu par le quarterback. Si ce défenseur avance pour défendre le jeu au sol, le quarterback lance au receveur derrière lui.