Lorsqu’on prépare son plan de jeu pour un match il est important d’avoir une stratégie globale qui passe par une analyse des forces et faiblesses de son adversaire. Parce que ce premier drive va incorporer beaucoup d'éléments glanés du scouting report, son élaboration et son exécution peuvent être cruciales pour mettre l'attaque sur le bon pied. Ce plan peut prendre la forme d’une scripte de jeux ou d’une catégorie de jeux à exécuter. Une excellente première possession qui aboutit par un touchdown met une pression immédiate sur son adversaire
Par exemple en NFL, la probabilité de victoire pour une équipe se trouvant immédiatement menée par un touchdown et qui commence à sa propre ligne de 20 yards à la possession suivante est seulement de 28%. Et cette probabilité de victoire monte à seulement 40% si elle est menée pour un field goal.
Application pratique:
Avant d'affronter les Chicago Bears en 2018, les têtes pensantes des Patriots, Josh McDaniels et Bill Belichick, avaient conclu que la force motrice de la défensive de leur futur adversaire était leur capacité de générer une pression constante sur le quarterback - en particulier par le biais du joueur exceptionnel Khalil Mack. Le coaching staff des Patriots ont alors conçu un plan pour neutraliser cette pression par l'utilisation d'un draw et de deux screens, tous en succession. Sur le premier jeu, le déploiement du quarterback sous le centre a permis un jeu de course plus dans l'axe que si ce même jeu avait été exécuté en shotgun. Les deux « tackles » des Patriots bloquaient alors Mack et Leonard Floyd afin d’empêcher leur pénétration. La passe feintée de Brady et la simulation de protection de passe de la part de la ligne offensive des Patriots ont fait hésiter la défense, ce qui a eu pour conséquence de ralentir la mise sous pression.
Sur les deux jeux suivants, des screens, les tackles bloquent passe et restent sur Mack et Floyd, tandis que les guards et le centre se dégagent et se dirigent sur les joueurs moins dynamiques (Hicks et Goldman). Dans les deux cas, le joueur de ligne offensive qui monte au deuxième niveau est en mesure de réaliser son block pour garder les Bears à l’intérieur, ce qui donne l’opportunité à Sony Michel beaucoup d'espace pour remonter le terrain. Un aspect clé est le fait que les tackles restent engagés avec Mack et Floyd - les relâcher pour bloquer au deuxième niveau serait trop risqué au vu de leurs qualités athlétiques et leur capacité de rattraper le jeu avec leur poursuite
New England a déployé d'autres schémas distincts, toujours dans le but de ralentir le front des Bears. Le jeu appelé "Wham" attaque un défenseur de ligne intérieur en le laissant pénétrer pour qu'il soit bloqué de côté par un tight end ou un fullback. C'est une tactique similaire à un trap mais sans pull d'un joueur de ligne - l'attaque gagne ainsi un bloqueur sur le front. Quand les Patriots exécutent ce jeu sur le premier drive, les Bears sont alignés dans un front double eagle et le Wham cible le défenseur responsable du Gap B.
Pour couronner le drive, les Patriots marquent un touchdown avec un "shield slant" depuis une formation en bunch. C’est exactement le même jeu qui a été exécutée lors de la transformation de deux points d'Amendola lors du Super Bowl LI contre les Eagles de Philadelphie. Le jeu est exécuté à la perfection. L'espacement et le timing permettent à Edelman d'éviter les défenseurs non bloqués. Les autres receveurs font un bon travail de block sur les défenseurs et Edelman est capable de se glisser devant Mack.
L’ensemble du premier drive consistait à soit des passes rapides, des « draw » ou des « screen » exécutés avec un timing lent. Ces jeux permettaient de ne pas donner à des joueurs de talent tel que Mack d'avoir un impact sur le jeu.
Les jeux sélectionnés par Belichick et McDaniels témoignent de leur volonté de neutraliser l'impact qu'un Khalil Mack peut avoir sur l'attaque adverse. En scriptant une série qui comprend des screens, un quick draw, un Wham et un shield slant, les Patriots annoncent clairement qu'ils ne vont pas laisser Mack dicter le jeu. Cet exemple illustre très bien l’application parfaite du dicton dans l’article VI de l’art de la guerre de Sun Tzu qui indique qu’une armée se doit d’éviter la force et d’attaquer la faiblesse de son adversaire.